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La distance qui nous séparait du destructeur se réduisait à une vitesse impressionnante.
J’enclenchais les boucliers, activais les stations de tirs lorsque le voyant de communication s’alluma :
-« Capitaine… Capitaine me recevez vous ? Terminé »
-« Je vous reçois parfaitement. A vous. »
-« Sauf votre respect mon capitaine je crois que sans tactique nous n’avons aucune chance. Terminé. »
-« Qui vous a dit que je n’avais rien prévu soldat ? |En effet, trop occupé par ma peur je n’avais pas préparé de tactique|. Hum… Nous allons adopter une formation en chandelle pour l’approche. Dés que le Destructeur activera ses défenses, nous nous séparerons en deux groupes, l’un partira a droite, l’autre a gauche. Terminé »
-« Mon capitaine, leur artillerie ne nous permettra pas de tirer. A vous. »
Prononçant une phrase que je n’aurais jamais imaginé dire, je lui annonçais :
-« Vous détruirez d’abord les artilleries aux plasmas. Viser l’intérieur des canons, leur embouchure est assez large pour pouvoir envoyer un missile à l’intérieur. Pendant ce temps… J’attirerais leurs tirs. Bonne chance soldats. Terminé »
-« Mais… »
Il ne put pas finir sa phrase. J’avais coupé mon appareil de communication.
Cinq minutes avant d’arriver à portée de tir… Les cinq minutes les plus longues de ma vie.
Enclenchant le pilote automatique, je me retournais et apprécia pour ce que je pensais être la dernière fois le spectacle si fascinant des étoiles. Je pensais a ce que je raterais de la vie, ce que je ne connaîtrais pas, j’ai pensé fuir, mais je revis le visage du commandant souriant dans le hangar, je revis les larmes de la femme dont son mari était mort écrasé, je me repassais inlassablement le discours prononcé face a tout ces pilotes, je n’avais pas le droit de les abandonner.
Encore trois minutes…Bon dieu cela n’en finira jamais !
M’appuyant contre la vitre du cockpit je réussis a voir le Vaisseau de Bataille que je venais de quitter. Les dégâts avaient été très importants à l’arrière du vaisseau. Je vis que la cloche du pont supérieur avait éclatée. La femme était elle là a quand ça a explosé ?
Une dernière minute.
Je pensais aux habitants de mes planètes. Souverain de plusieurs colonies, j’avais quitté le palais impérial pour me rendre sur la planète de mon empereur. Je voulais devenir pilote. Pilote…
Une alarme se déclencha dans l’habitacle, un compte a rebours c’étais mis en marche.
Dix, neuf, huit, sept, six, je bouclais ma ceinture, cinq, j’enclenchais les assistants de visée, quatre, trois, deux, je faisais une courte prière, unité, portée a zéro.
Les tirs ne se firent pas attendre. La tactique mise en place marcha plutôt bien. Un instant désorienté, les tourelles de défenses s’étaient mises a tirer dans le vide, puis recommencèrent à tirer sur chaque groupe. Et sur moi.
Mais maintenant… Comment faire pour être pris pour cible par toutes les défenses ?
Perdant de précieuses seconde, je vis a droite deux chasseur se faire toucher par des tirs ionique. Ces deux là ne s’en sortiront pas vivant.
L’une des énormes artilleries à plasma me faisait face. Je vis une charge s’accumuler au fond du canon. Sans réfléchir, j’envoyais un missile à l’intérieur.
L’effet dépassa toutes mes espérances.
La charge, déstabilisée, se comprima sur elle-même puis implosa, détruisant non seulement l’artillerie mais aussi plusieurs postes défensifs. Je vis une grande partie des tourelles se tourner vers moi, le plus dur restait à faire.
Le groupe de gauche n’avait miraculeusement aucune perte à signaler, pour l’instant…
Je fis faire plusieurs vrille à mon appareil, le fis descendre voler en rase motte prés de la carlingue du destructeur, changea brutalement de direction et me rapprochant délibérément de certaines installations défensive.
Plusieurs explosions me signalèrent que cinq artilleries au plasma venaient d’exploser. Les pilotes faisaient un excellent travail, mais cela ne suffirait pas.
Je vis un peu plus loin en face de moi le poste de commande du vaisseau. Il fallait viser ici, et non sur les installations ! Quel idiot !
A portée de tir, j’envoyais une salve de bombes, qui n’eu malheureusement aucun effet, puisque contrées par des missiles d’interception. J’utilisais alors mes armes principales et secondaires… Sans plus de succé.
Sans savoir si cela marcherait, je pris une résolution qui m’a permis de me débarrasser de ma peur de mourir. Augmentant la vitesse au maximum, je me dirigeais droit sur le poste de commande, avec l’espoir que mon sacrifice ne serait pas vain. Techniquement, l’avant du chasseur aurait dû percer la vitre de protection, si solide soit elle, et ma cargaison d’arme exploser directement à l’intérieur du poste. Cela ne se passa pas comme cela.
Alors que ma cible se rapprochait dangereusement, je vis sur ma droite un chasseur se mettre à ma hauteur. Je vis que c’était le pilote avec lequel j’avais communiqué un peu plus tôt.
Il sourie un bref instant puis percuta brusquement mon appareil, me faisant virer de direction. Je ne fonçais plus vers le poste de commande mais vers l’un des postes défensif. Je redressais péniblement mon appareil, choqué par ce qu’il venait de se passer. Un traître, c’était un traître…
Une subite colère s’empara de moi, il venait de réduire nos chances de vaincre.
Je fis demi tour et pris cette fois ci celui que je pensais être un traître pour cible.
La suite me glaça le sang.
Poussant ses réacteurs à bout, le « traître » traversa la vitre de protection, et explosa, faisant disparaître le poste de commandement dans un déluge de feu et de métal en fusion.
Je n’en croyais pas mes yeux, il s’était sacrifié, à ma place…
L’explosion se propagea le long des couloirs du destructeur, sillonnant, se frayant un chemin jusqu’au cœur du vaisseau. Les chasseurs prirent du recul et s’éloignèrent, je rebranchais mon communicateur. Les contacts ne se firent pas prier :
-« Mon capitaine ! C’est fini, nous avons gagné, le vaisseau de bataille est sauvé ! Hourraaaa ! C’est grâce à vous mon capitaine ! Votre tactique a marché à la perfection ! Terminé mon capitaine. »
Il devait s’attendre à une réponse, ils devaient tous attendre mes éclats de joie. Pourtant aucun ne dépassa mes lèvres. Toutes mes acclamations mouraient, emportés par le dégoût de ce que j’avais pu penser de ce martyr. Il n’aurait pas dû mourir, je devais me sacrifier et il avait pris ma place dans cet enfer.
Tapant violemment contre le tableau de bord, je le revis lever la main lorsque j’avais demandé qui avait une famille.
Les yeux embués de larmes, larmes de colère peut-être, je rattrapais le reste des chasseurs qui faisaient route vers le Vaisseau de Bataille.
Une autre pensée me vint à l’esprit. Ce n’était pas fini, bien au contraire, cela avait commencé. Cette attaque ne resterait pas impunie. Il allait y avoir une guerre, et je découvris bien plus tard qu’elle fut la plus terrible de mémoire de vétérans…